Vous avez visité 15 page(s) aujourd'hui. Il vous reste 35 page(s) à voir en tant que visiteur libre. Si vous souhaitez accéder à plus de pages aujourd'hui, vous pouvez vous inscrire gratuitement.

La VAR : pour ou contre ?

La VAR : pour ou contre ?

Validée par l’IFAB le 6 mars 2016, l’utilisation de la vidéo s’est implantée dans la plupart des compétitions. Au vu des récents évènements en Ligue 2, nous pouvons nous demander si la VAR n’est pas finalement indispensable.

Les facteurs positifs


Avant de discuter de la pertinence de la vidéo dans le football, il est important de rappeler les situations pour lesquelles cette dernière intervient : La validité d’un but, un pénalty, un carton rouge et l’identité du joueur sanctionné.

Tous ces cas de figures étudiés par les assistants consacrés à la VAR et par l’arbitre central (à qui revient la décision finale), ont permis de constater une évolution entre l’avant et l’après assistance vidéo. D’après la Direction Technique de l’Arbitrage (DTA), 68% des erreurs ont été corrigées par la VAR en Ligue 1, lors de sa première utilisation, saison 2018/2019. L’une des croyances que l’on associe à l’assistance vidéo est qu’elle allonge le temps des rencontres. En réalité, il s’écoule en moyenne 142 secondes entre l’appel des assistants vidéo et l’arbitre principal et sa décision après consultation des images de la situation sur l’écran au bord du terrain. Cela implique également une baisse du temps de contestation des joueurs donc un équilibre retrouvé dans le temps additionnel.

L'implantation de la VAR dans toutes les compétitions professionnelles réduirait considérablement le nombre d'erreurs commises. Lors de la 9e journée de Ligue 2 2021/2022, la rencontre entre Caen et Dijon s'est retrouvée au cœur d'une polémique. Menés 1-0 à 15 minutes de la fin, les Caennais parviennent à égaliser mais le but est refusé par l'arbitre central pour une supposée simulation dans la surface dijonnaise d'Ali Abdi, passeur décisif. Le latéral droit de Caen avait bien subi un contact de la part du défenseur adverse mais il reçoit un second carton jaune et est donc exclu. Double peine pour le SM Caen. Dans les derniers instants de la partie, le club normand pense égaliser mais le but est une nouvelle fois refusé par le corps arbitral, estimant que le ballon n'a pas franchi la ligne. Deux erreurs qui coûtent la victoire aux Caennais et qui ne seraient pas arrivées si l'assistance vidéo était présente en Ligue 2. Les dirigeants du club n'ont d'ailleurs pas manqué d'appeler les instances à inclure la VAR dans cette compétition.

Ce qui n’a pas changé


La VAR permet de corriger des erreurs, d’être « juste » mais y a t-il de gros bouleversements ?

Le nombre de cartons distribués est un bon indicateur. Sur la dernière saison de Ligue 1, avant l’intronisation de la vidéo (2017/2018), les arbitres délivraient en moyenne 3,79 cartons jaunes par match ainsi que 0,22 cartons rouges, ce qui représente 85 expulsions pendant la saison. Sur les 3 exercices suivants (donc avec utilisation de la VAR), on retrouve une moyenne de 3,65 cartons jaunes par rencontre ainsi que 0,26 cartons rouges donc 89 expulsions par saison. On constate que l’ordre de grandeur est similaire avec et sans la vidéo. Preuve qu’il existera toujours des situations qui passeront sous la vigilance de l’arbitre. Ceci est logique car il faut rappeler une nouvelle fois que la vidéo est un support et en aucun cas un substitut du corps arbitral. L’interprétation est toujours le maître mot.

Tout cela crée un environnement clivant autour de la VAR. Pour Charles Bietry, journaliste sportif, la vidéo modifie négativement l'essence du football car "l'arbitre n'est plus l'arbitre, il est un auxiliaire d'un groupe de techniciens cachés à 500 km du match et qui décideront du sort de la rencontre". Cette discorde est également présente chez les arbitres. Si elle est une "bouée de sauvetage" pour Clément Turpin, elle n'est pas à la hauteur des attentes pour Bruno Derrien. "Ce n'est pas l'outil qui est en cause, mais l'usage qui en est fait. Il faut garder à l'esprit qu'un homme reste derrière la machine. La VAR n'est qu'une assistance, elle ne peut interférer dans l'arbitrage".

Une technologie controversée


Pour certains, l'aide de la vidéo « dénature » le football. Elle devient un prétexte quand le résultat est serré et change le cours d’un match, à l’instar du PSG-Manchester United en 1/8e de finale retour de la Ligue des Champions en 2019. À l’aide de la VAR, l’arbitre à décidé de donner un pénalty aux Red Devils en toute fin de match, suite à une main de Presnel Kimpembe dans sa surface. Si des observateurs du football disent que le choix de Damir Skomina n’était pas le bon, d’autres répondent que les Parisiens avaient perdu le fil de la rencontre ce soir là.

On peut également évoquer le Real Madrid-PSG en phase de groupes de la Ligue de Champions, quelques mois plus tard. Idrissa Gueye récupère un ballon au milieu de terrain sur Marcelo, Mauro Icardi est lancé en prodondeur, Courtois sort et vient percuter l'attaquant argentin dans la surface. Pénalty pour Paris et carton rouge pour le gardien belge. L'assistance vidéo signale une potentielle faute de Gueye au départ de l'action. L'arbitre visionne les images, siffle la faute sur Marcelo et annule le carton rouge de Courtois.

Plus récemment, en Premier League, dans le temps additionnel de la rencontre opposant West Ham à Manchester United, Kurt Zouma tacle Cristiano Ronaldo qui avait déjà fait la différence dans la surface des Hammers. L'assistance vidéo n'a rien signalé à l'arbitre malgré la faute flagrante de l'international français. Quelques secondes plus tard, Luke Shaw est coupable d'une main dans sa surface, celle-ci est directement relevée par la VAR. Cette situation a suscité l'étonnement en Angleterre car personne ne comprend pourquoi l'arbitre n'a pas été contacté par ses assistants vidéo pour la faute de Zouma. Ces exemples montrent que la VAR, si elle résoud quelques erreurs flagrantes, peut également en engendrer d'autres et donc de la frustration pour les clubs victimes et leurs supporters.

Pour les joueurs et les supporters aussi, le changement est important. À défaut de conserver l’émotion spontanée lors de la célébration d’un but, la VAR propose de vivre une seconde émotion. Si l’on prend en exemple la Ligue des Champions 2019, le but refusé à Raheem Sterling pour une position de hors-jeu de Sergio Aguero à la dernière seconde, lors du quart de finale retour entre Manchester City et Tottenham est certes dramatique pour les Skyblues, mais heureux pour les Spurs. De quoi provoquer des montagnes russes émotionnelles. Et c'est aussi ça qu'on aime dans le football.
tagsLigue 1, France, Ligue des Champions

Commentaires

Connectez-vous pour ajouter votre commentaire
Retour en haut